Depuis une dizaine d'années, sont arrivés sur le marché de l’isolation de nouveaux produits avec une promesse alléchante. Les isolants minces ou multicouches font néanmoins polémiques à cause de leurs performances controversées. Faisons le point sur ces matériaux et leur capacité à isoler efficacement.

 

Pourquoi un isolant mince ?

Quand on isole, on cherche toujours à réduire l’épaisseur de l’isolant. Ça serait donc merveilleux si des « isolants minces » existaient avec des performances équivalentes à un vrai isolant.

Aujourd’hui, malgré un marketing très fort, les isolants minces ne représentent que quelques % du marché. Si ça fonctionnait, on serait les premiers à en proposer.

Curieusement, les fabricants d’isolants minces ne font pas certifier leurs produits par l’Acermi, l’organisme de contrôle des produits isolants. Là aussi, si ça fonctionnait, on imagine bien qu’ils demanderaient la certification à l’Acermi.

Techniquement, ces isolants prennent en compte dans la performance annoncée une lame d’air étanche que le poseur est supposé réaliser entre l’isolant et un autre matériau étanche. Quiconque a déjà posé un isolant sait que la création d’une lame d’air étanche est un leurre, voire une supercherie !

 

Qu’est-ce qu’un isolant mince ?

Un isolant mince est composé de fines couches de matériaux isolants – polyéthylène à bulle, laines minérales, mousses synthétiques, laines animales… – entre 2 films réfléchissants en aluminium.

Ces feuilles d'aluminium, qui donnent au matériau une allure de couverture de survie, limitent les échanges thermiques par rayonnement, à condition qu’elles soient en contact direct avec la chaleur (ce n’est pas le cas si on isole un mur).

On appelle aussi ces matériaux isolants multicouches, isolants minces réflecteurs, produits réfléchissants minces ou PMR, isolants thermoréflectifs

 

La pose des isolants minces

Pour bénéficier de la performance annoncée de ce type de matériau, il convient de prévoir une lame d'air inerte et étanche de chaque côté de ce matériau, comme les lames d’air présentes dans les doubles vitrages.

Pour isoler un mur, on doit donc poser ce matériau avec une lame d'air de chaque côté et on recouvre l'ensemble de placo, en veillant bien à laisser étanche la lame d'air présente entre le placo et l'isolant.

En pratique, cette étanchéité n'est pas respectée à la pose, car ça prendrait infiniment trop de temps à réaliser et par ailleurs, si ça pouvait être fait à la pose, l’étanchéité serait perdue dès que le placo est percé, par exemple pour y accrocher un tableau, passer un fil électrique…

Le domaine de prédilection des isolants minces est l'isolation des combles, et en particulier sous les rampants, parce que la pose y est relativement aisée.

Sous les toits, encore plus que sur un mur, l’étanchéité de la lame d’air est impossible à réaliser entre les chevrons de la charpente.

 

La résistance thermique de ces isolants minces

L’épaisseur d’un isolant mince mesure entre 3 et 50 millimètres. C'est la raison pour laquelle ils font tant rêver. Ils n’empiètent que très peu sur la surface habitable.

Mais si ces isolants minces font tant débat, c'est pour leur résistance thermique comprise entre 0,25 et 2 m².K/W. Mais ces valeurs n’ont pas été certifiées par un organisme indépendant.

L'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) estime qu'une isolation avec 2 cm d'isolant multicouche réalisée dans des conditions idéales (l’isolant mince est entouré de 2 lames d’air inertes) atteint au maximum un R de 2 m².K/W.

« Cette résistance thermique est équivalente à celle d'un isolant classique courant de 6 cm d'épaisseur environ, ce qui est généralement insuffisant pour répondre aux exigences réglementaires », nous dit l'ADEME.

En effet, la résistance thermique minimale requise pour les rampants est de 6 m².K/W soit 3 fois plus.

Par conséquent, ils sont 2 à 3 fois moins efficaces qu'un isolant traditionnel.

 

Notre expérience avec les isolants minces

Nous sommes souvent sollicités par des clients qui ont été séduits par ces promesses alléchantes. Ils ont fait poser de l'isolant mince pour améliorer le confort thermique de leur maison tout en ne perdant pas de surface habitable. Mais constatant le peu d'efficacité, ils cherchent une autre solution.

La seule solution consiste à remplacer ce matériau dit isolant mince par un matériau réellement isolant, comme la laine de verre, laine de roche ou laine de bois particulièrement efficace pour contrer les chaleurs estivales.

Il faut retenir que l'isolation prend de la place. Pour en perdre le moins possible, on peut se tourner vers un matériau plus cher : le polyuréthane. Dans ce cas, on diminue de moitié l’épaisseur de l’isolant nécessaire pour répondre aux exigences réglementaires.

En dessous de l'épaisseur du polyuréthane, il faut se méfier de ces propositions trompeuses dont les promesses ne seront pas tenues. Il s'agit plus que probablement d'une arnaque.

 

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